Figures Locales

L’abbé Roger Bréchard : illustre enfant du pays

Portrait

Roger Bréchard voit le jour le 31 janvier 1900 à Billom. Il appartient donc à cette génération qui, née avec le siècle, se verra toujours citée en exemple le sacrifice des aînés.

Ses parents habitent, à Busséol, la maison sise au 2 rue de la Croix du Theil. Son père exerce la profession de maréchal-ferrant. Roger devient séminarite en 1917 alors que ses amis plus âgés sont au front. Il est ordonné prêtre en 1924. L’abbé Bréchard est le grand artisan du développement du scoutisme en Auvergne. Il est nommé responsable de plusieurs paroisses en montagne puis curé doyen de Besse-en-Chandesse où la mobilisation le trouvera en 1939.

Bréchard, l'érudit

Henri Pourrat décrit sa première rencontre avec ce "jeune prêtre inconnu, haut, maigre, aux traits coupants, avec un grand air de douceur" et surtout ses yeux, qui étaient "ceux de la vie intérieure la plus en éveil et en amitié" qu’il ait jamais entrevue. Le fils du maréchal-ferrant de Busséol, d’une érudition dont la profondeur étonne tous ceux qui le rencontrent, correspond et se lie d’amitié avec de nombreux intellectuels de son époque : Jean Paulhan, Jean Guéhenno, l’essayiste Charles du Bos, le philosophe Jacques Maritain... L’épouse de ce dernier, Raïssa, écrit dans une lettre du 26 août 1940 : "(...) Nous sommes affligés de la mort de l’abbé Bréchard dont nous connaissons le grand coeur et la grande humilité."

L’abbé Bréchard joue également un rôle déterminant dans la vie du grand écrivain Irène Némirovsky. L’auteur de Suite française a en effet rencontré le jeune prêtre à Besse ; c’est à lui qu’elle fera appel lorsqu’elle décide de se faire baptiser avec sa famille et elle ne le désignera plus par la suite que sous le terme affectueux de "parrain". L’annonce de sa mort la bouleverse et son souvenir inspirera certains traits du personnage de l’abbé Péricand dans son récit Tempête.

Henri Pourrat dédie son Blé de Noël (1942) à la mémoire de l’abbé Bréchard. le chapitre "Mort le 20 juin" raconte le sacrifice du "dernier carré" de ce 613ème Pionniers, formé essentiellement d’Auvergnats, qui tente d’arrêter au col vosgien du Ménil avec quelques fusils-mitrailleurs une colonne de blindés allemands alors que l’armistice a déjà été demandé.

L’abbé Bréchard est inhumé au Ménil où une stèle rapporte son sacrifice avant que sa famille ne fasse rapatrier sa sépulture à Busséol au printemps 41. Il repose désormais dans l’ancien cimetière aux côtés de ses parents. Irène Némirovsky lui rend ce bel hommage dans une lettre qu’elle adresse à ces derniers :

Il a vécu d’une façon qui était au-dessus de celle des autres hommes, et il est mort également ainsi.